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La top model musulmane Halima Aden quitte l’industrie de la mode

La mannequin somalienne a confié à ses abonnés sur les réseaux sociaux que sa décision avait été motivée par les pressions exercées pour qu’elle fasse des compromis sur ses croyances religieuses
Halima Aden est en train de rompre ses liens avec un certain nombre de marques qu’elle estime ne pas être en adéquation avec sa foi (Mohamad Elaasar/MEE)
Halima Aden est en train de rompre ses liens avec un certain nombre de marques qu’elle estime ne pas être en adéquation avec sa foi (Mohamad Elaasar/MEE)

Dans une série de messages percutants sur les réseaux sociaux, la célèbre mannequin somalienne Halima Aden (23 ans) a annoncé quitter l’industrie de la mode et accepter de nouveaux engagements uniquement à ses propres conditions.

La mannequin, qui est apparue en couverture de l’édition britannique de Vogue et de Sports Illustrated et a travaillé avec des marques de mode comme MaxMara et Yeezy, dit avoir l’impression de « s’être perdue » dans l’industrie de la mode et avoir été contrainte de faire des compromis sur sa foi.

Aden, qui a longtemps été saluée par l’industrie de la mode et les musulmanes comme défenseure de la mode dite pudique, a révélé qu’elle allait couper les liens avec un certain nombre de marques et refuser les missions qui ne respectaient pas selon elle ses croyances religieuses.

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« Même pour 10 millions de dollars, je ne risquerai plus jamais de faire des compromis sur mon hijab. Vous me verrez travailler chez McDonald’s avant de me revoir défiler ou voyager pour le mois de la mode… Je protège mon hijab comme jamais auparavant », écrit-elle. 

Pendant deux jours, Aden a publié plusieurs « story » Instagram dans lesquelles elle a évoqué des moments de sa vie où elle s’est sentie sous pression afin qu’elle se conforme à son entourage, et a accepté de faire des séances photos où, dit-elle, elle n’était pas fidèle à elle-même.  

« Je ne peux que me reprocher de m’être souciée davantage de l’occasion que de ce qui était réellement en jeu. Je me reproche d’avoir été naïve et rebelle. Ce que je reproche à l’industrie, c’est le manque de stylistes de sexe féminin », écrit-elle encore. 

Halima Aden – qui s’est fait connaître en 2016 à la suite d’un concours de beauté miss USA où elle a été repérée avant d’être recrutée par l’agence mondiale de mannequins IMG – note qu’elle justifiait souvent ses décisions par son envie désespérée d’être « représentée », mais qu’elle ne le ferait plus. 

« Je suis retournée dans ma chambre d’hôtel et j’ai pleuré après cette séance parce que je savais au fond de moi que ce n’était pas ça », a-t-elle écrit sur une photo d’une de ses séances.

Aden, qui a défilé à la Fashion Week de New York, a également évoqué la difficulté d’être la première mannequin portant un hijab sur les podiums et les couvertures de magazines.

« J’avais trop peur de parler. C’est fréquent lorsque vous êtes le premier à faire quelque chose », ajoute-t-elle. 

Elle a ensuite partagé des images de séances photo et de campagnes qu’elle regrette d’avoir faites, confiant qu’elle aurait voulu les avoir poliment refusées.

« Comme si nous avions besoin de ces marques pour représenter les femmes portant le hijab. ELLES ont besoin de NOUS. Pas l’inverse. Mais à l’époque, je voulais tellement être “représentée” que j’ai perdu le contact avec qui j’étais. » 

« Bouffée d’air frais »

Ces messages ont été partagés avec ses 1,2 million d’abonnés sur Instagram. Beaucoup l’ont félicitée d’avoir osé parler et certaines internautes ont dit pouvoir s’identifier aux problèmes auxquels elle a été confrontée. 

Traduction : « L’histoire d’Halima m’a vraiment fait réfléchir, je ne pense pas que les femmes qui ne portent pas le hijab peuvent ne serait-ce qu’imaginer ce dont elle parle. Être une musulmane visible, c’est avoir constamment l’impression d’en porter un million d’autres avec vous. Alors que nous nous efforçons d’ouvrir des portes qui nous étaient cachées. »

De nombreux internautes sur les réseaux sociaux ont qualifié ses « story » Instagram de décomplexées et ont profité de l’occasion pour évoquer la façon dont les industries de la beauté et de la mode influencent la perception de la beauté. 

Traduction : « Je viens de lire l’intégralité de la story IG de @Kinglimaa et je suis vraiment impressionnée et touchée par sa conscience de soi et sa force. Ce qu’elle fait – affirmer sans complexe ce qu’elle veut être et croire – n’est pas facile, surtout quand ce n’est pas “populaire”, mais elle le fait. »

Plusieurs internautes ont félicité Aden d’avoir repris le contrôle de sa vie et de veiller à ce que ses croyances soient respectées. L’une d’eux a qualifié les « story » du modèle de « bouffée d’air frais » et a dit qu’elle l’avait inspirée à réfléchir sur son propre cheminement concernant le port du hijab. 

Certaines personnalités publiques ont également soutenu la décision d’Aden, y compris les mannequins d’origine néerlando-palestinienne Gigi et Bella Hadid, et la chanteuse Rihanna, dont Halima a fait l’éloge pour lui avoir permis d’apporter son propre hijab lorsqu’elle travaillait sur la campagne Fenty de la chanteuse. 

Une nouvelle perspective sur la Somalie

La semaine dernière, Halima Aden s’en est également pris aux médias qui effacent souvent son héritage et son identité somalienne en l’étiquetant comme « arabe » ou « moyen-orientale ».

Dans un certain nombre de messages, la mannequin a déclaré que beaucoup de noirs devaient prouver leur foi, car les gens supposaient souvent à tort que l’islam était une religion du Moyen-Orient, plutôt qu’universelle.

« Je n’ai que de l’amour pour tous mes frères et sœurs au sein de l’islam. Mais je refuse que quelqu’un me dépouille de mon identité. Mes ancêtres ont travaillé trop dur pour que je ne m’accroche pas à mon identité et à mes origines. Malheureusement, c’est un dilemme auquel de nombreux musulmans noirs doivent faire face. En grandissant, j’ai été placée dans tant de situations où j’ai dû prouver ma foi parce que je n’étais pas arabe. L’islam est universel. Soyez fiers de votre identité », ajoute-t-elle.

Traduction : « NOUS AIMONS VOIR ÇA. Mlle Halima Aden NE S’EST PAS RETENUE. »

La mannequin, qui parle souvent de son héritage somalien et de sa naissance dans un camp de réfugiés au Kenya, raconte avoir travaillé dur pour changer la façon dont les gens perçoivent la Somalie et qu’elle ne veut pas que cela soit effacé.

« Je n’ai vu que “famine”, “guerre”, “pauvreté” dans les médias pour parler de la Somalie. Apporter au monde une nouvelle perspective non seulement sur les Somaliens mais aussi sur les réfugiés était une des missions que je m’étais données. 

« Bien que je sois fière d’être musulmane, je suis Somalienne. Parce qu’avant que j’entre dans l’histoire, personne n’essayait de nous soutenir. Aucun média ne mettait l’accent sur les Somaliens. »

« Vraiment dommage »

Ces messages ont suscité de nombreuses conversations sur le hijab et l’industrie de la mode en ligne. 

L’année dernière, Middle East Eye s’est entretenu avec la fondatrice d’une agence de mannequins pudiques, qui a décidé de créer son agence après avoir constaté que les mannequins musulmanes avaient l’impression de ne pas être représentées derrière l’objectif. 

Un mannequin a raconté à MEE comment elle avait été éconduite parce qu’elle portait le hijab.

« On m’a dit que je n’étais pas assez polyvalente et que c’était “vraiment dommage” que je porte le hijab. Certains ont essayé de me tenter en disant que je pourrais aller beaucoup plus loin au sein de l’industrie si je retirais mon hijab. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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