Aller au contenu principal

Le Siddiqui et le manuel « Blue Flame » : la fabrication de l’alcool de contrebande en Arabie saoudite

Alors que l’Arabie saoudite ouvre son premier magasin d’alcool depuis 1952, Middle East Eye se penche sur le manuel « Blue Flame », qui a permis aux travailleurs expatriés d’Aramco de fabriquer un alcool de contrebande, le Siddiqui, clandestinement pendant des années
Un travailleur d’Aramco dans sa cuisine face à un alambic Siddiqui sur une cuisinière (rhums Siddiqui)

Le 16 novembre 1951, le vice-consul britannique Cyril Ousman reçoit des amis dans sa maison de Djeddah, sur la côte ouest de l’Arabie saoudite.

Le prince Mishari ben Abdelaziz al-Saoud, âgé de 19 ans, fils du roi Abdelaziz ibn Saoud, qui a fondé le royaume saoudien 22 ans plus tôt, figure parmi les invités.

Des témoins rapportent que le jeune prince s’est fortement enivré et commence à faire des avances à une invitée. Cyril Ousman finit par congédier Mishari ben Abdelaziz al-Saoud de la fête.

Le lendemain, ce dernier – apparemment encore en état d’ébriété – revient avec un arme à feu et tire sur Cyril Ousman, ainsi que sur sa femme.

Furieux, le roi arrête son fils et, selon un article contemporain du Time, « offre à la femme de Cyril Ousman le privilège de prescrire sa mort de la manière qu’elle jugera la plus appropriée, avec la promesse supplémentaire que sa tête sera plantée sur une pique à l’extérieur de l’ambassade britannique ».

L’épouse de Cyril Ousman décline l’offre et le prince est condamné à une peine de prison et à des coups de fouet. Mais pour le roi, il faut aller plus loin et il estime finalement que c’est l’alcool qui est à l’origine des agissements de son fils.

Peu de temps après, il décrète l’interdiction totale de l’alcool dans le royaume.

Si la vente d’alcool était déjà fortement limitée à un petit nombre de distributeurs agréés par le gouvernement, cette mesure met en colère les expatriés et les diplomates étrangers, en particulier des employés de la compagnie pétrolière Aramco, pilier de l’économie et de l’influence du royaume.

D’après un article du Time paru en décembre 1952, « vingt employés d’Aramco démissionnent et d’autres menacent de le faire si la société ne parvient pas à persuader le roi d’abroger la prohibition ».

« Bon sang », s’est exclamé un employé de la société pétrolière au magazine.

« Un foreur coriace originaire de l’Oklahoma ne sera pas satisfait de travailler ici six jours par semaine et de se détendre ensuite avec une bouteille de Coca-Cola. »

Malgré la colère des expatriés et des Saoudiens aux mœurs plus libérales, l’interdiction totale de l’alcool est restée en vigueur pendant plus de 70 ans, alors même que les États voisins conservateurs tels que le Qatar, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont autorisé une consommation limitée dans les hôtels et dans d’autres établissements.

Puis le manuel Blue Flame a fait son apparition.

x

Paru peu après la prohibition de l’alcool, le manuel Blue Flame, rédigé de manière anonyme, fournit des instructions sur le brassage et la distillation artisanale et a rapidement suscité l’engouement des communautés expatriées en Arabie saoudite, en particulier des travailleurs du secteur pétrolier, d’où le nom de « blue flame » (flamme bleue).

Les nouveaux arrivants dans les champs pétrolifères pouvaient acheter un alambic pour distiller des spiritueux pour 100 dollars et recevaient un exemplaire du manuel.

« Il est bien connu que la fabrication des boissons enivrantes est aussi vieille que l’histoire documentée, voire probablement beaucoup plus ancienne », peut-on lire dans les premières lignes du manuel.

« Dans ce manuel, nous souhaitons présenter la méthode la plus simple pour fabriquer un « produit » à la fois sûr et agréable à consommer. »

Le breuvage produit est surnommé Siddiqui, mot arabe qui signifie « mon ami », parfois raccourci en « Sid » par ses consommateurs.

Pendant de nombreuses décennies, ce manuel a été l’une des seules manières pour un « foreur de pétrole coriace originaire de l’Oklahoma » de pouvoir boire un verre en Arabie saoudite, en particulier après le renouveau islamique de la fin des années 1970, qui a vu le royaume imposer des restrictions sociales encore plus strictes.

En janvier dernier, pourtant, on a appris qu’après plus de 70 ans, le premier magasin d’alcool allait ouvrir ses portes dans le royaume, bien qu’il soit exclusivement destiné aux diplomates étrangers non musulmans.

Si les restrictions sont toujours en place dans le royaume, beaucoup voient dans ce changement un signe de l’orientation que prend le pays sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane – une orientation qui ne plaît pas à tout le monde.

« J’ai grandi en fabriquant du Siddiqui »

Pour les expatriés qui ont grandi en Arabie saoudite au XXe siècle – parfois surnommés « Aramco Bratz » (les gamins d’Aramco) –, les brasseries et distilleries artisanales produites grâce au manuel Blue Flame restent un souvenir bien ancré de la vie dans les villes et les quartiers où ils ont grandi.

Nigel Brown était l’un d’entre eux. En 1973, alors âgé de cinq ans, il quitte le Royaume-Uni avec sa famille pour s’installer en Arabie saoudite.

x

« J’ai grandi en fabriquant du Siddiqui dans notre garage. J’ai aidé mon père pendant plus de quinze ans », raconte-t-il à Middle East Eye.

Les familles ont joué un rôle majeur dans le processus de distillation, en s’occupant des alambics et des autres dispositifs pendant que le père était au travail. Le père de Nigel Brown a participé à l’installation de lignes de transmission dans la province orientale de l’Arabie saoudite, qui est au cœur de l’industrie pétrolière du pays.

Il a en partie suivi les traces de son père en travaillant dans l’installation d’infrastructures de télécommunications au début des années 1990.

Les expatriés affluaient chez eux tous les week-ends.

« Mes parents aimaient recevoir – ils avaient inscrit Mike’s English Pub sur une pancarte au-dessus du bar de la maison. Et bien sûr, nous organisions toutes les fêtes écossaises, irlandaises et britanniques imaginables... toutes les excuses pour faire la fête le week-end [étaient bonnes]. »

Nigel Brown est aujourd’hui le fondateur et PDG de Siddiqui Rums, un distillateur basé aux États-Unis qui reprend le mode d’emploi du manuel Blue Flame pour produire des spiritueux destinés à être distribués dans le monde entier.

C’est un travail de passion pour Nigel Brown et les autres anciens expatriés en Arabie saoudite impliqués dans l’entreprise, qui s’inspirent des secrets de distillation autrefois clandestins dont ils se souviennent du temps où ils vivaient dans le Golfe pour produire une boisson authentique – et légale.

Photo de travailleurs de l’oléoduc transarabe prenant un verre dans les années 1950 (fournie)
Photo de travailleurs de l’oléoduc transarabe prenant un verre dans les années 1950 (fournie)

Nigel Brown compare son travail à celui des cuisiniers : « Tous les cuisiniers ne sont pas équivalents, n’est-ce pas ? »

« Ceux qui savent vraiment bien cuisiner réalisent [des mets] incroyables, comme personne n’en a jamais goûté... ceux qui ne savent pas cuisiner, bien sûr, ce n’est pas aussi bon. »

Le Siddiqui peut généralement être subdivisé en variétés « brunes » et « blanches », c’est-à-dire respectivement un alcool foncé et un alcool clair.

Rick Chimblo, autre cofondateur de Siddiqui Rums qui a grandi aux côtés de Nigel Brown, raconte que des familles entières ont contribué à la production de Siddiqui.

« C’était un travail intensif, avec des sacs de sucre de 100 livres [environ 45 kilogrammes] et jusqu’à 50 gallons de liquide [environ 190 litres]. Parfois, pendant que le mari travaillait, son épouse surveillait l’alambic par mesure de sécurité et se contentait de "débrancher" si quelque chose ne se passait pas "comme il fallait" », explique-t-il à MEE.

Contrairement à la croyance populaire selon laquelle il n’y a « pas de femmes distillatrices clandestines », Rick Chimblo affirme que « de nombreuses femmes [ont fait] preuve de créativité en fabriquant des liqueurs à partir du blanc "non coupé" ».

Rick Chimblo, qui se qualifie lui-même de « distillateur clandestin du désert », confie que les échantillons originaux utilisés pour développer les produits actuels de Siddiqui Rum ont été produits « dans [son] alambic bien-aimé "Sally" » qu’il a fabriqué en Arabie saoudite et qu’il a secrètement ramené aux États-Unis lorsqu’il a pris sa retraite.

« Alors, qui produit le meilleur Siddiqui ? »

Dans l’imaginaire populaire, le « moonshine » (alcool de contrebande) est une concoction incendiaire qui, dans le meilleur des cas, est à peine buvable et, dans le pire, carrément toxique. Dans d’autres pays où l’alcool est soumis à des restrictions, comme les États-Unis dans les années 1920 ou l’Iran actuel, de nombreux décès sont dus à la consommation d’alcool de contrebande.

Toutefois, si le Siddiqui n’était pas sans risque, le fait qu’il ait été fabriqué par des ingénieurs qualifiés à partir d’un plan bien élaboré et conçu sur des bases scientifiques rendait les choses assez différentes.

« Lorsqu’un ingénieur chimiste est impliqué dans la fabrication de l’alcool de contrebande, c’est fait avec un niveau de perfection très élevé. Et puis il y a une compétition entre tous les ingénieurs », explique Nigel Brown.

« Alors, qui produit le meilleur [Siddiqui] ? »

Un ancien employé d’Aramco qui a passé de nombreuses années à distiller – et à vendre – du Siddiqui en Arabie saoudite raconte à MEE que différents distillateurs ont apporté des techniques avec eux, tout en se basant sur le mode d’emploi du Blue Flame.

Un travailleur d’Aramco pose avec un alambic domestique (fournie)
Un travailleur d’Aramco pose avec un alambic domestique (fournie)

Steve (nom d’emprunt) affirme que divers produits américains pouvaient être achetés dans les institutions diplomatiques.

« On y vendait notamment des copeaux de chêne pour le fumage sur barbecue, et on pouvait y trouver des copeaux de chêne de barrique Jack Daniel’s », explique-t-il.

« Le blanc correspondait à la vodka. Quand les Américains ont fait du brun, c’était comme le [whisky] Jack Daniel’s. »

Steve raconte que le procédé était souvent imprévisible, mais il se souvient avec nostalgie des années qu’il a passées dans ce milieu clandestin.

Installé aujourd’hui à Birmingham, après avoir vécu de 1981 à 2008 dans le royaume saoudien, il présente à MEE une photo de l’un des alambics utilisés pour fabriquer le Siddiqui, en couvrant le visage du distillateur à l’aide d’un post-it.

Brassage au soleil

Rick Chimblo explique que pour faire face aux diverses restrictions et à la disponibilité limitée des produits, il a fallu faire preuve de créativité.

« Pour avoir suffisamment d’alcool brun pour les grandes fêtes, nous fabriquions du "brun au soleil" », raconte-t-il.

Il le compare au « thé au soleil », qui consiste à faire infuser lentement du thé au soleil et à le servir avec des glaçons.

« Nous faisions la même chose avec un gallon [environ 3,78 litres] de blanc et environ une tasse de copeaux de bois spécifiques. Nous étions toujours inventifs », souligne Rick Chimblo.

Pour ceux qui étaient prêts à assumer le risque, cette activité pouvait également s’avérer lucrative.

« Un Anglais que je connais [en] était littéralement millionnaire... Je sais qu’il en a vendu à des personnes influentes », raconte Steve.

Un autre distillateur, selon lui, se rendait régulièrement dans la ville saoudienne voisine de Khobar pour se procurer de l’avoine et du son auprès d’un marchand d’aliments pour animaux afin de les utiliser dans sa production.

« Comment faire vieillir l’alcool brun ? Il faut le mettre dans une bouteille en verre à moitié pleine et l’allonger sur le côté dans le congélateur », explique-t-il.

« Il faut la laisser là pendant trois ou quatre jours, puis la placer dans un placard pendant une semaine, puis la remettre dans le congélateur... chaque fois qu’on fait cela, l’alcool vieillit de quelques années. »

Malgré la relative compétence et le savoir-faire des distillateurs et des brasseurs, les accidents et les blessures étaient encore assez fréquents.

x

« NE JAMAIS LAISSER UN ALAMBIC SANS SURVEILLANCE. C’EST L’ACTION LA PLUS DANGEREUSE DE TOUTES ET ELLE EST ABSOLUMENT INEXCUSABLE », peut-on lire en page 9 du manuel Blue Flame, souligné en majuscules.

La nécessité de surveiller leur produit est l’une des raisons pour lesquelles des familles entières se sont lancées dans la distillation et celles qui ne l’ont pas fait ont pris un grave risque.

Steve explique que les expatriés britanniques dont les alambics avaient pris feu utilisaient l’euphémisme « chip pan fires » (feu de poêle à frire) pour en parler.

Il cite également le cas d’un homme qui vivait dans un logement Aramco – qu’il décrit comme étant composé d’un salon et d’une cuisine au rez-de-chaussée et d’une chambre et d’une salle de bain à l’étage – et qui a perdu le contrôle de son Siddiqui.

« Eh bien, cet homme-là a eu une explosion – il a soufflé le plafond jusqu’à la toiture », poursuit Steve.

« Des Philippins sont venus réparer le plafond... la police n’a jamais rien su. »

« Les Saoudiens en ont acheté »

Bien qu’il ait déclaré que la direction d’Aramco ne prêtait généralement pas attention à leur fabrication d’alcool, il y avait toujours des risques et des lignes rouges à ne pas dépasser.

« Personne ne vendait aux Saoudiens. Si vous vous faisiez attraper en train de vendre à des expatriés, c’était tout à fait différent que de vendre à des Saoudiens », explique Steve.

« Mais un grand nombre de Saoudiens [en] ont acheté », ajoute-t-il, notamment une « femme d’affaires saoudienne influente » qui, selon lui, n’achetait que du « blanc » chez lui.

« Si vous vous faisiez attraper en train de vendre à des expatriés, c’était tout à fait différent que de vendre à des Saoudiens »

- Steve, expatrié

De nombreuses techniques ont été mises au point pour cacher les Siddiqui. Si la police régulière n’était pas autorisée à pénétrer sur la propriété d’Aramco sans autorisation, cela restait techniquement interdit et, bien évidemment, tout déplacement au-delà de cette zone comportait des risques.

Steve raconte que si quelqu’un voulait faire un pique-nique dans les dunes du désert, un passe-temps populaire pour les Saoudiens et les expatriés, la meilleure façon de dissimuler l’alcool était d’ajouter du colorant vert dans le Siddiqui pour lui donner l’apparence d’un liquide de refroidissement de moteur.

Si l’on se faisait repérer en train de boire dans le désert, « on creusait un trou dans le sol et y enfouissait le Sid ».

Réformes et mesures de répression

Nigel Brown se dit optimiste quant à la possibilité de voir un jour son produit vendu librement en Arabie saoudite.

Il indique que les rhums Siddiqui ont déjà trouvé un distributeur à Abou Dabi, la capitale d’un autre État voisin qui a assoupli ses restrictions sur l’alcool ces dernières années, et qu’avec l’apparente libéralisation de l’orientation du royaume, l’Arabie saoudite ne devrait pas tarder à suivre.

Cependant, si Nigel Brown se montre enthousiaste à l’égard des ambitions de Mohammed ben Salmane, et notamment de son projet de mégapole Neom qui a fait couler beaucoup d’encre, ces réformes ont été imposées parallèlement à une répression généralisée de la dissidence dans le pays.

L’abolition d’une loi longtemps critiquée qui interdisait la conduite aux femmes s’est faite alors que le gouvernement emprisonnait un grand nombre de ceux qui plaidaient depuis le début en faveur de réformes pour les droits des femmes.

L’Arabie saoudite envisage d’autoriser la vente d’alcool aux diplomates non musulmans
Lire

Le prince héritier a également lancé des opérations à l’étranger ciblant des dissidents, dont la plus notoire concerne le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné au consulat du royaume à Istanbul en 2018. Si Mohammed ben Salmane nie avoir ordonné ce meurtre, la CIA et d’autres agences d’espionnage l’ont tenu directement responsable.

L’assouplissement des lois sur la consommation d’alcool est également révélateur du fait que le pays reste une monarchie absolue – peut-être même plus absolue que jamais – et l’on peut se demander si la libéralisation des lois sur l’alcool aurait été approuvée par un vote démocratique dans ce pays encore très conservateur.

Danah Almayouf, artiste saoudienne basée aux États-Unis et critique du prince héritier, affirme soutenir une plus large légalisation de l’alcool en Arabie saoudite – en particulier si cela implique une plus grande réglementation des produits artisanaux potentiellement dangereux – mais déclare que cela sert en partie à « blanchir » les antécédents du royaume en matière de non-respect des droits de l’homme.

« L’Arabie saoudite essaie de se montrer libérale, capable de s’ouvrir. Cependant, ce n’est pas la bonne façon de procéder – si vous voulez que le monde accepte l’Arabie saoudite comme un pays démocratique ou quoi que ce soit d’autre, vous devez commencer par libérer tous les militants emprisonnés... Voilà ce qui montrerait que l’Arabie saoudite est en train de changer pour le mieux », explique-t-elle à MEE.

Selon Nigel Brown, malgré la relation compliquée du royaume avec l’alcool, le manuel Blue Flame a grandement contribué à la transformation du pays qui, d’une société nomade relativement pauvre, est devenu une puissance énergétique mondiale en créant un environnement propice pour les ingénieurs étrangers expérimentés qui ont aidé à développer le secteur pétrolier naissant du pays.

« Ils n’auraient pas amené leur famille – cela aurait été une mer d’hommes seuls partant pour des périodes de trois mois et retournant ensuite à la maison. Parce que le fait de ne pas pouvoir boire un verre aurait été très, très dur pour les hommes de l’industrie pétrolière », affirme-t-il.

« Quand on y pense, le Siddiqui a été l’une des pierres angulaires qui ont contribué au développement de l’Arabie saoudite, d’une certaine manière. »

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].