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Israël : les citoyens palestiniens se préparent aux représailles de groupes ultranationalistes après l’attaque du Hamas

Les Palestiniens sont en état d’alerte alors que des groupes israéliens de droite appellent à la création de milices
Des policiers israéliens fouillent des Palestiniens dans la vieille ville de Jérusalem alors que la sécurité a été renforcée après l’attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023 (AP)

Les citoyens palestiniens d’Israël se préparent à des représailles de la part d’Israéliens ultranationalistes qui lancent des appels à la mobilisation à la suite de l’attaque choc du Hamas ce weekend.

La ville majoritairement palestinienne de Rahat, à environ 60 km au sud de Jérusalem, a indiqué avoir créé un comité d’urgence pour faire face aux attaques potentielles de groupes extrémistes israéliens. 

« Nous appelons les citoyens à ne pas quitter la ville sauf en cas de nécessité en raison d’une campagne d’incitation à la haine », a déclaré Atta Abu Madigham, le maire de Rahat, dans un communiqué publié peu après l’attaque palestinienne sans précédent de samedi contre Israël, au cours de laquelle des combattants de Gaza ont tiré des milliers de roquettes et pris d’assaut Israël par voie terrestre, aérienne et maritime.

Au moins 800 Israéliens et 500 Palestiniens ont été tués. Près de 2 500 blessés sont dénombrés de chaque côté. Les chiffres pourraient augmenter considérablement.

Signe de la méfiance qui règne entre citoyens juifs et palestiniens d’Israël, le Shin Bet (service de renseignement) a demandé aux ministres israéliens d’éviter de circuler sur les routes à proximité des localités arabes du pays, selon la chaîne publique Kan.

Khaled Ghurra, qui préside le conseil municipal de Rahat, a exhorté la communauté palestinienne à faire preuve de prudence et déclaré qu’elle pourrait subir des représailles de la part d’Israéliens d’extrême droite.

« Quiconque peut éviter de se rendre dans les villes juives, même pour le travail, devrait éviter de le faire pour éviter toute agression », a prévenu Ghurra.

« Cher peuple juif, le moment est venu d’agir contre l’autre camp. Enlevez des Arabes, assassinez sans crainte. […] Les enfants, les femmes et les adultes sont tous concernés. Sans pitié, tous les Arabes, quels que soient leur sexe et leur âge, doivent immédiatement être kidnappés et tués »

- Message diffusé entre ultranationalistes

Les citoyens palestiniens d’Israël représentent environ 20 % des 9,7 millions d’habitants du pays. Ils sont les descendants de la population autochtone, violemment déplacée par les milices sionistes lors de la création d’Israël en 1948.

Depuis des décennies, ils sont victimes des lois et pratiques discriminatoires imposées par l’État israélien.

En mai 2021, les tensions liées à une série de raids israéliens sur la mosquée al-Aqsa à Jérusalem, entre autres, avaient déclenché une guerre à Gaza et des émeutes dans les villes mixtes palestino-juives à travers Israël. De jeunes Israéliens d’extrême droite, dont beaucoup venus des colonies illégales de Cisjordanie occupée, s’étaient mobilisés en ligne et avaient parcouru les rues à la recherche de Palestiniens à attaquer.

Dans les heures qui ont suivi l’attaque de samedi, Middle East Eye a vu circuler des messages appelant les communautés juives de droite à former des milices.

« Nous rassemblons des volontaires pour la défense, la garde et l’assistance civile dans les villes mixtes du Néguev et de Galilée, dans chaque zone selon les besoins et en coordination avec les forces de sécurité », peut-on lire dans l’un d’eux.

Les recrues potentielles sont invitées à utiliser Google Forms pour enregistrer leur disponibilité en vue de créer une milice.

Des groupes israéliens ont collecté des informations sur les volontaires disposés à former une milice, les questions portaient notamment sur les armes et véhicules à leur disposition (Middle East Eye)
Des groupes israéliens ont collecté des informations sur les volontaires disposés à former une milice, les questions portaient notamment sur les armes et véhicules à leur disposition (Middle East Eye)

Pendant ce temps, les membres des « Jeunes des collines », un groupe extrémiste de colons actif dans les attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, ont été invités via WhatsApp à garder leurs armes avec eux à tout moment.

Une citoyenne palestinienne d’Israël, qui a refusé d’être nommée, a montré à Middle East Eye un message qui lui avait été transmis par des amis et voisins juifs inquiets, lesquels l’exhortaient à rester en sécurité.

Le message, diffusé entre ultranationalistes, indique : « Cher peuple juif, le moment est venu d’agir contre l’autre camp. Enlevez des Arabes, assassinez sans crainte. Vous voyez un Arabe dans la rue ? Balancez-le dans la voiture, maltraitez-le et n’oubliez pas de le photographier et de le poster.

« Les enfants, les femmes et les adultes sont tous concernés. Sans pitié, tous les Arabes, quels que soient leur sexe et leur âge, doivent immédiatement être kidnappés et tués. Brûlez les entreprises qui emploient des Arabes et publiez [le nom de] ces entreprises en ligne pour leur faire honte et leur nuire. »

Samedi soir, à Jérusalem, des juifs israéliens préoccupés par le bien-être de leurs voisins palestiniens ont patrouillé la ville en groupes pour parer à toute attaque d’ultranationalistes.

« Aucune confiance dans le gouvernement israélien »

Le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou est le plus à droite de l’histoire d’Israël. Il est composé de plusieurs poids-lourds ultranationalistes d’extrême droite, dont Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich, le ministre des Finances.

Bilal, un Palestinien de 25 ans vivant en Israël, rapporte que la peur est palpable chez les Palestiniens de Jérusalem et que beaucoup redoutent les heures et les jours à venir.

« Nous sommes très préoccupés par les représailles, en particulier contre les Palestiniens vivant sous le régime d’occupation [en Cisjordanie occupée] », confie-t-il à MEE.

La milice privée de Ben-Gvir menace les Palestiniens et la sécurité d’Israël
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« Nous n’avons aucune confiance dans les forces d’occupation [Israël] pour ce qui est de nous fournir une quelconque protection, même si nous sommes considérés comme leurs sujets et citoyens à Jérusalem. »

Qualifiant les récents événements de « fous », Bilal avertit que les extrémistes au sein du gouvernement israélien « pourraient encourager des actes illicites contre les citoyens palestiniens » d’Israël.

Lundi, le ministre israélien de la Défense Yoav Galant a traité les Palestiniens de Gaza d’« animaux humains » et a prévenu qu’Israël agirait « en conséquence ».

Ce weekend, dans la ville mixte palestino-juive de Jaffa, des informations ont fait état d’une « campagne d’arrestations » contre des Palestiniens.

« De toute évidence, ces accusations sans fondement visent à vider les rues des Palestiniens de manière préventive, dans la crainte d’un soulèvement », a écrit l’activiste palestinien Mohammed El-Kurd sur Twitter.

Au cours des troubles de 2021, de nombreux citoyens palestiniens d’Israël étaient sortis en grand nombre dans les villes palestiniennes du pays pour montrer leur opposition aux attaques israéliennes contre les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée et de la bande de Gaza sous blocus.

Par la suite, des ultranationalistes juifs, armés pour certains, avaient parcouru les rues de la ville mixte de Lod, attaquant des lieux de culte et des commerces palestiniens.

Traduit de l’anglais (original).

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