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Coronavirus : suivez l’actualité dans la région MENA

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Coronavirus : suivez l’actualité dans la région MENA
L’épidémie du nouveau coronavirus bouleverse une région déjà sous tension. Suivez sur ce fil les derniers développements au Maghreb et au Moyen-Orient

Mises à jour du direct

3 années ago
Des travailleurs du ministère marocain de la Santé manifestent pour protester contre l’annulation des vacances, à Tanger, le 11 août 2020 (AFP)
Des travailleurs du ministère marocain de la Santé manifestent pour protester contre l’annulation des vacances, à Tanger, le 11 août 2020 (AFP)

Avec plus d’un millier de cas quotidiens depuis début août, la hausse des contaminations au nouveau coronavirus au Maroc alimente l’inquiétude et les critiques des médias locaux sur la gestion de la crise sanitaire.

« Le Maroc à rude épreuve », « spirale infernale », « peur sur les villes », « le gouvernement marche sur des cadavres »… Sous des titres chocs, la presse pointe un relâchement dans le respect des mesures de prévention, les multiples défaillances de la prise en charge des patients, le déficit de communication des autorités ou les contradictions d’une stratégie globale largement déléguée aux responsables sécuritaires. 

La semaine dernière, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a mis en garde contre la « tendance à la hausse » des contaminations, des cas graves et des décès, appelant le royaume « à faire plus pour renverser la tendance ».

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Le Maroc a enregistré mercredi plus de 1 500 nouveaux cas et 29 décès, portant le bilan à 46 313 infections, dont 743 décès et 31 576 guérisons.

Pour lutter contre la propagation du virus, plusieurs quartiers ont été bouclés à Tanger, Casablanca, Marrakech ou Rabat, avec déploiement de blindés, de barrages routiers et de patrouilles de contrôle. De nouvelles mesures de restrictions sont attendues jeudi, selon une source au ministère de l’Intérieur.

200 anesthésistes réanimateurs dans le secteur public

La capitale économique « Casablanca bat tous les records » de contaminations « et la situation empire de jour en jour », a constaté mercredi le site semi-officiel 360 en soulignant « le nombre affolant de cas détectés post-mortem ». 

À Marrakech, des activistes et des professionnels de la santé ont lancé deux hashtags (#Sauvez_Marrakech et #Marrakech_étouffe) pour alerter sur la situation sanitaire déplorable de la ville et sur l’effondrement économique lié au déficit touristique depuis la fermeture des frontières.

Sous le feu des critiques, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, s’est rendu sur place en urgence mercredi soir et a promis de « rationaliser les structures hospitalières » et de « restructurer » la prise en charge des patients infectés, selon l’agence officielle MAP.  

« Nous payons le prix d’un déconfinement sans respect des mesures barrières, mais aussi celui de tous les problèmes dont souffre notre système de santé qui ne détecte les nouveaux cas que très tardivement », a estimé le médecin chercheur en politiques sanitaires, Tayeb Hamdi, dans un récent entretien avec le site Goud.ma.

Si les autorités ont augmenté à 3 000 le nombre de lits en réanimation et acquis des lots de respirateurs artificiels, le site Médias24 pointe lui la « pénurie de ressources humaines », avec seulement 200 anesthésistes réanimateurs dans le secteur public. 

« Le système sanitaire souffre actuellement d’un manque » de personnel, a reconnu fin juillet lui-même le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, tout en pointant une situation épidémiologique « inquiétante ».

Doutes autour la réalité des chiffres officiels 

Aux louanges quotidiennes de mise dans les médias locaux au début de la pandémie ont succédé des rafales de critiques.

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Ainsi, un cafouillage sur les congés du personnel médical, autorisé à s’absenter puis rappelé en urgence, a fait couler beaucoup d’encre.

La défiance est telle que des internautes doutent de la réalité des chiffres officiels de contaminations. Certains ne se font pas tester de peur d’être hospitalisés ou de perdre leur emploi mais d’autres ne parviennent pas à se faire dépister, selon des témoignages.

« Je suis diabétique et je suis venu me faire dépister, mais on m’a dit de rentrer chez moi car il n’y a pas de tests », s’indigne un homme dans une vidéo tournée par le site Rue20 à l’entrée d’un hôpital de Marrakech.

Les chiffres et les critiques sur la stratégie sécuritaire se sont emballés début août après la célébration de l’Aïd al-Adha, la grande fête musulmane du sacrifice traditionnellement marquée par des réunions familiales. 

L’annonce surprise de l’interdiction d’entrer et de sortir de huit villes, à la veille de la fête, a provoqué un mouvement de panique sur les routes du pays sans pour autant dissuader les Marocains de renoncer aux retrouvailles traditionnelles.

Si depuis, certains médias appellent à des mesures sécuritaires « vigoureuses » pour éviter « un scénario catastrophe », d’autres évoquent la colère des personnes reconfinées, après trois mois de confinement sévère au printemps dernier.

Par Sophie Pons, à Rabat.

3 années ago
L’hôpital Saint-Georges de Beyrouth a été sérieusement endommagé par l’explosion du 4 août (AFP)
L’hôpital Saint-Georges de Beyrouth a été sérieusement endommagé par l’explosion du 4 août (AFP)

Les autorités libanaises ont décrété un reconfinement d’une durée de plus de deux semaines à partir de vendredi après une forte hausse des contaminations au nouveau coronavirus.

Un couvre-feu quotidien de 18 h à 6 h locales sera également imposé, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur alors que le pays a recensé officiellement jusqu’à présent un total de 9 758 cas, dont 107 décès.

L’aéroport international de Beyrouth fonctionnera en revanche normalement et les quartiers sinistrés par l’explosion du 4 août au port de Beyrouth seront exclus des mesures de restrictions, selon la même source. Les travaux de déblayage, de reconstruction et l’aide à la population pourront se poursuivre dans les secteurs dévastés.

Le reconfinement durera jusqu’au 7 septembre.

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Pendant cette période, les ministères et les institutions publiques resteront ouverts, avec seulement 50 % des fonctionnaires, selon le ministère.  

Ces deux dernières semaines, le Liban a enregistré des taux records de contaminations, dont un nouveau pic lundi, avec 456 cas et deux décès.

Le ministre de la Santé Hamad Hassan a averti que les hôpitaux de Beyrouth étaient désormais débordés de patients atteints de la maladie COVID-19 et d’un grand nombre de blessés de l’explosion au port. Le pays est « au bord du gouffre », a-t-il dit. 

Fin juillet, les autorités libanaises avaient annoncé un reconfinement temporaire en deux temps, mais la deuxième phase avait été annulée en raison de la gigantesque explosion ayant tué 177 personnes et blessé plus de 6 500 autres. 

Cette catastrophe s’ajoute à une crise économique inédite amplifiée par le nouveau coronavirus qui avait déjà mis à mal les hôpitaux du petit pays de plus de quatre millions d’habitants.  

3 années ago
L’Iranienne Melika pose à côté d’œuvres d’art sur le thème des masques dans la galerie Cama à Téhéran, le 1er août 2020 (AFP)
L’Iranienne Melika pose à côté d’œuvres d’art sur le thème des masques dans la galerie Cama à Téhéran, le 1er août 2020 (AFP)

L’Iran a indiqué mardi qu’il prévoyait d’acheter le vaccin contre le nouveau coronavirus développé par la Russie si l’Organisation mondiale de la santé donne son approbation à cette substance.

La Russie a annoncé le 11 août la mise au point du premier vaccin « assez efficace » contre le coronavirus, précisant depuis avoir produit les premières doses.

La République islamique, qui a signalé le 19 février ses premiers cas de la maladie COVID-19, est de loin le pays le plus touché du Proche et du Moyen-Orient avec près de 350 000 cas, dont près de 20 000 morts.

« Nous attendons la communauté internationale, y compris l’Organisation mondiale de la santé, [avant] que nous achetions le vaccin à la Russie », a indiqué Aliréza Zali, membre du Comité national de lutte contre la pandémie et coordinateur des opérations dans la capitale iranienne.

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« Pour que le vaccin soit utilisé, des organisations légitimes et indépendantes telles que l’Organisation mondiale de la santé doivent le commenter et l’approuver, ce qui n’est pas encore arrivé », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Téhéran.

Une déclaration qui intervient alors que la porte-parole du ministère de la Santé Sima Sadat Lari a annoncé 168 décès supplémentaires liés au virus au cours des dernières 24 heures, portant le bilan national à 19 972 morts.

En outre, 2 385 nouveaux cas de contamination ont été recensés sur la même période, ce qui porte à 347 835 personnes infectées au total dans le pays.

« Après l’approbation scientifique du vaccin, nous négocierons avec la Russie afin d’obtenir le vaccin », a fait savoir M. Zali.

La République islamique fait face depuis fin juin à une nette augmentation de la mortalité quotidienne due au virus, ce qui a obligé le gouvernement à rendre le port du masque obligatoire dans les lieux clos.

Pour endiguer la propagation de la maladie, l’Iran a pris diverses mesures de restrictions, sans jamais imposer de confinement ni de quarantaine.

3 années ago
Des membres des forces auxiliaires du ministère de l’Intérieur patrouillent dans le district de Takadoum, à Rabat, le 17 août 2020 (AFP)
Des membres des forces auxiliaires du ministère de l’Intérieur patrouillent dans le district de Takadoum, à Rabat, le 17 août 2020 (AFP)

Plusieurs plages proches de Rabat ont été fermées mardi, avec mise en place de barrages routiers et horaires restreints des commerces, en raison de la recrudescence de l’épidémie de nouveau coronavirus au Maroc, a-t-on appris auprès des autorités locales marocaines.

Ces nouvelles mesures ont été prises avant un long week-end férié, les plages en question connaissant une affluence particulièrement forte. Les plages de la capitale marocaine et de Salé, ville voisine, étaient déjà fermées, selon la même source.

Par ailleurs, deux quartiers de Casablanca, la capitale économique du pays, sont bouclés depuis lundi. Certains commerces, marchés locaux et cafés sont fermés.

Le royaume connait depuis fin juillet une hausse inquiétante des infections de COVID-19, avec plus de 1 000 nouveau cas enregistrés chaque jour. Le dernier bilan du ministère de la Santé fait état de 43 558 cas de contamination, dont 681 décès.

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La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre cette « tendance à la hausse » des cas au Maroc depuis la levée, en juin, d’un confinement très strict de trois mois.

Des quartiers de grandes villes marocaines comme Marrakech, Tanger, Fes ou Rabat ont déjà été reconfinés. Les déplacements y sont strictement contrôlés et les forces de l’ordre patrouillent pour inciter la population à porter des masques et à respecter les mesures de distanciation physique.

Très critiqué dans les médias et sur les réseaux sociaux pour sa gestion de la crise sanitaire, le ministre marocain de la Santé Khalid Ait Taleb a annoncé lundi que le pays allait participer à des essais cliniques pour « obtenir des vaccins en quantité suffisante […] et assurer le transfert du savoir afin de garantir une autosuffisance » de production.

Il n’a donné aucune précision sur ces essais cliniques, ni sur le type de vaccin, ni sur les laboratoires ou le pays partenaire.

Dans ce pays de 35 millions d’habitants, la crise économique liée à la pandémie et à la sècheresse frappe durement les Marocains les plus précaires et pourrait précipiter plus d’un million d’entre eux dans la pauvreté, selon une récente note du Haut-Commissariat au plan en charge des statistiques officielles.

3 années ago
Le ministère de la Santé syrien a mis en garde contre une « propagation de l’épidémie dans les villes » (AFP)
Le ministère de la Santé syrien a mis en garde contre une « propagation de l’épidémie dans les villes » (AFP)

Les territoires sous contrôle du régime en Syrie ont connu une hausse des décès et des cas de contamination au nouveau coronavirus parmi les médecins, en particulier dans les hôpitaux de Damas, ont rapporté lundi plusieurs sources médicales.

Depuis déjà près de deux semaines sur les réseaux sociaux, médecins et militants s’inquiètent d’une explosion du nombre de patients atteints par la maladie COVID-19. 

Ils craignent que la Syrie ne soit incapable de juguler la pandémie, le secteur de la santé étant frappé de plein fouet par le conflit meurtrier qui ravage le pays depuis 2011, avec notamment des hôpitaux sous-équipés ou endommagés.

Depuis le 25 juillet, le syndicat des médecins de Damas a publié sur Facebook les noms et photos de 31 médecins décédés « en luttant contre le coronavirus », certains résidant à l’étranger.

https://www.facebook.com/Damascus.medical.Association/posts/3536717973027718

Dernière publication de la page Facebook du syndicat des médecins de Damas énumérant les praticiens décédés des suites de la maladie Covid-19

Un médecin de Damas s’exprimant a toutefois assuré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, que la majorité des victimes se trouvent en Syrie et n’ont pas été soumises à un test de dépistage.

« Mais les symptômes qu’ils présentent nous font penser immédiatement à une mort due » au nouveau coronavirus, a-t-il dit.

Lundi, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), citant des données du ministère syrien de la Santé, a fait état de 69 cas de contamination parmi les travailleurs de la santé.

Parmi eux, 48 se trouvent à Damas et 13 dans les environs, d’après la même source.

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« Cela met en évidence les risques particuliers auxquels sont confrontés les travailleurs de la santé », a mis en garde l’agence onusienne sur son compte Twitter.

« Des informations non vérifiées font état d’une augmentation des annonces de décès », a souligné OCHA.

Sur les réseaux sociaux, la page « Stéthoscope », très suivie et qui prodigue des conseils sur les moyens de se protéger face au virus ou de se soigner en cas de contamination, a elle recensé les noms de 55 médecins et pharmaciens décédés ces derniers jours. Toutefois, dix d’entre eux se trouvent à l’étranger.

Le ministère de la Santé, qui a jusqu’ici officiellement recensé 1 677 cas dont 64 décès, avait récemment reconnu ne pas toujours avoir « la capacité de mener des dépistages à grande échelle dans les différentes provinces ».

Il avait mis en garde contre une « propagation de l’épidémie dans les villes » alors que le pays ne dispose que de 25 000 lits d’hôpital.

Le doyen de la faculté de médecine de Damas, Noubough al-Awa, a récemment évoqué une situation « terrifiante », affirmant que « les hôpitaux publics sont pleins ».

3 années ago
Des volontaires et des membres de la société civile assistent à une messe dominicale en plein air dans le quartier Mar Mikhael de la capitale libanaise Beyrouth le 9 août 2020 (AFP)
Des volontaires et des membres de la société civile assistent à une messe dominicale en plein air dans le quartier Mar Mikhael de la capitale libanaise Beyrouth le 9 août 2020 (AFP)

Les hôpitaux de Beyrouth sont quasi saturés face à l’afflux de patients atteints du nouveau coronavirus et le Liban est « au bord du gouffre » après l’explosion dévastatrice dans la capitale libanaise, a assuré lundi le ministre démissionnaire de la Santé Hamad Hassan.

Ces dernières semaines, le Liban a connu une hausse des infections au nouveau coronavirus. Le pays a enregistré dimanche un record de contaminations avec 439 nouveaux malades, portant le nombre total de cas de COVID-19 à 8 881 depuis le début de l’épidémie au Liban fin février, dont 103 décès.

« Les hôpitaux publics et privés de la capitale se retrouvent avec une capacité d’accueil très limitée, que se soit en matière de lits dans les unités de soins intensifs ou de respirateurs », a averti en conférence de presse le ministre Hamad Hassan.

Quatre hôpitaux « hors-service »

« Nous sommes au bord du gouffre, nous n’avons pas le luxe de prendre notre temps »

- Hamad Hassan, ministre démissionnaire de la Santé

« Nous sommes au bord du gouffre, nous n’avons pas le luxe de prendre notre temps », a-t-il averti, plaidant pour un nouveau confinement de deux semaines pour juguler la propagation de l’épidémie.

« Dans la capitale, les unités de soins intensifs et les départements hospitaliers aménagés pour lutter contre l’épidémie dans les hôpitaux publics sont pleins », avait indiqué plus tôt M. Hassan au micro de la radio La voix du Liban.

« Dans la plupart des hôpitaux privés qui accueillent des patients atteints du coronavirus, les lits en soins intensifs sont remplis », a-t-il également souligné.

Il a expliqué que quatre hôpitaux de la capitale qui accueillaient des cas de COVID-19 sont « hors-service » après l’explosion meurtrière dans le port de Beyrouth le 4 août qui a ravagé des quartiers entiers de la capitale.

La situation chaotique après l’explosion rend difficile l’instauration d’un confinement ou le respect des mesures de précaution, a averti M. Hassan.

Reconfinement provisoire

« Notre capacité à contrôler les comportements face au virus est plus limitée », a-t-il reconnu, citant notamment « les déplacements des familles dans les hôpitaux pour chercher des blessés ou des disparus » et la mobilisation dans la rue, où des dizaines de volontaires déblaient quotidiennement les décombres.

Le gouvernement avait décrété un reconfinement provisoire, annulé après l’explosion dévastatrice qui a fait plus de 177 morts et 6 500 blessés.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées selon les autorités 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis des années.

La pandémie avait été maîtrisée dans un premier temps par les autorités libanaises qui ont imposé à la mi-mars un confinement largement suivi. Mais les cas sont repartis à la hausse au début de l’été avec la levée progressive des mesures.

3 années ago
Un policier face à la plage d’El-Kettani, dans le quartier de Bab el Oued à Alger, le 15 août 2020 (AFP)
Un policier face à la plage d’El-Kettani, dans le quartier de Bab el Oued à Alger, le 15 août 2020 (AFP)

Les Algériens ont retrouvé samedi les plaisirs de la plage et du café, et les fidèles leurs mosquées, après cinq mois de confinement à cause du nouveau coronavirus.

« L’atmosphère à la maison devenait insupportable avec les enfants qui s’ennuyaient, j’en pouvais plus », a raconté à l’AFP Soraya, sortie avec sa voisine Fatima et les enfants pour passer la journée à la plage. Les deux femmes n’ont pas voulu donner leur nom de famille. 

Parasol sous le bras, Fatima a préparé les sandwichs. Surexcité à l’idée de pouvoir aller enfin se baigner, l’un des enfants tire sur la main de sa maman pour écourter la conversation.

Soraya avoue avoir eu envie de braver l’interdit ces derniers jours mais la peur d’être verbalisée a freiné ses ardeurs. Tous portent le masque, obligatoire en public. Les contrevenants encourent de lourdes amendes.

Une réouverture des lieux de culte limitée

Les services de sécurité sont chargés de veiller au respect du port du masque et des consignes de distanciation entre les baigneurs.

En short et chaussures de sport, les policiers arpentent les plages à pied ou en quad. La police montée surveillera également les plages.

Les plus grandes mosquées d’Algérie accueillent à nouveau elles aussi les fidèles. Toutefois, la grande prière du vendredi demeurera interdite tant que la situation sanitaire ne sera pas totalement maîtrisée. 

Les fidèles à la mosquée al-Afia à Kouba, Alger, le premier jour de réouverture des mosquées, le 15 août 2020 (AFP)
Les fidèles à la mosquée al-Afia à Kouba, Alger, le premier jour de réouverture des mosquées, le 15 août 2020 (AFP)

La réouverture des lieux de culte sera limitée, dans une première phase, aux seules mosquées pouvant accueillir plus de 1 000 croyants.

Des opérations de nettoyage et de désinfection des lieux de culte ont eu lieu avec la participation de nombreux bénévoles. Dans certaines mosquées les tapis ont été enlevés, dans d’autres ils ont été recouverts de plastique. 

Chaque fidèle doit emporter avec lui son tapis de prière, sinon on lui donne un tapis jetable.

« Remercions Dieu. J’ai constaté que les personnes respectaient les règles d’hygiène. C’est une bonne chose car quand nous venons prier c’est pour faire une bonne action, pas pour en faire une mauvaise en contaminant les autres », a témoigné Abdelmalek, un retraité de 57 ans.  

Les femmes, les enfants de moins de 15 ans et les personnes vulnérables ne sont pas autorisés, pour le moment, à aller prier.

« Nous avons décidé de fermer jusqu’à nouvel ordre l’accès à la salle des ablutions, la salle des femmes, l’école coranique ainsi que tous les endroits qui peuvent drainer du monde », a précisé à l’AFP Ali Touam, l’imam d’une mosquée de Bordj El Bahri à Alger.

Des pratiquantes, rencontrées dans le quartier populaire de Bab El Oued à Alger, ne comprenaient pas cette « discrimination à la prière ».

Pour le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi, le respect des mesures de prévention « accélèrera » la réouverture complète des lieux de culte.

Les mosquées, à l’instar des parcs, des établissements scolaires et universitaires et des stades, étaient totalement fermées depuis le 19 mars. Les piscines, hammams et salles des fêtes le resteront.

Cafés et restaurants ont aussi rouvert.

Inquiétudes 

Mais le gouvernement a averti que ces mesures pourraient être remises en question en cas d’aggravation de la situation sanitaire.

Le sociologue Zoubir Arous met d’ailleurs en garde contre une nouvelle vague de COVID-19 liée à une réouverture « précipitée » décidée « dans des bureaux ». « Je comprends que ceux qui vivent à vingt dans un deux pièces n’en peuvent plus, mais nous sommes face à une situation exceptionnelle. »

Le gouvernement a reconduit jusqu’au 31 août le confinement partiel à domicile dans 29 des 48 wilayas (préfectures) du pays. Un couvre-feu nocturne y reste en vigueur. Le confinement a été levé dans les dix-neuf autres wilayas.

Au total, près de 40 000 cas de COVID-19 ont été officiellement déclarés en Algérie depuis février. Quelque 1 360 décès ont été recensés, ce qui fait de l’Algérie le troisième pays le plus endeuillé en Afrique derrière l’Égypte et l’Afrique du Sud. 

Par Amal Belalloufi et Ryad Kramdi, à Alger.

3 années ago
Des soldats marocains patrouillent dans la ville de Tanger, le 11 août 2020 (AFP)
Des soldats marocains patrouillent dans la ville de Tanger, le 11 août 2020 (AFP)

Cinq joueurs du Wydad Casablanca (WAC), un des clubs les plus titrés du championnat de football marocain, ont été testés positifs au COVID-19, a annoncé le club vendredi.

Leur état de santé est « stable », a précisé le Wydad, dont la rencontre de Championnat prévue vendredi face aux FAR de Rabat a été reportée.

Deux autres matches qui devaient se jouer le même jour ont aussi été reportés « conformément à la décision des autorités compétentes de placer en confinement les joueurs » de trois équipes, selon la Fédération marocaine de football. 

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Finaliste de la dernière Ligue des champions africaine, le WAC est un des deux grands clubs de la capitale économique Casablanca, avec le Raja, son éternel rival. 

Le championnat de première division marocain, appelé Botola, a repris fin juillet après quatre mois d’interruption à cause de la pandémie.

Les rencontres se déroulent sans public et tous les joueurs ont théoriquement passé des tests de dépistage avant la reprise.

Pays de 35 millions d’habitants, le Maroc recense officiellement 39 241 personnes infectées, dont 611 décès, depuis l’enregistrement du premier cas début mars. 

Depuis quelques jours, le royaume fait face à une hausse des infections au nouveau coronavirus, avec plus de 1 000 cas enregistrés quotidiennement contre quelques dizaines au début de la pandémie. 

Vendredi, les autorités ont bouclé des quartiers à Casablanca, notamment dans le centre-ville, déployé des « barrages filtrants » et imposé de nouvelles restrictions, comme l’interdiction de diffuser des matchs dans les cafés. 

3 années ago
Dans un supermarché à Ankara, le 6 août 2020 (AFP)
Dans un supermarché à Ankara, le 6 août 2020 (AFP)

Les établissements scolaires et universités commenceront à ouvrir en Turquie près d’un mois après le début de l’année scolaire, a annoncé mercredi le gouvernement, le nombre de cas de contamination au coronavirus enregistrés chaque jour étant supérieur à 1 000.

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« Les écoles rouvriront avec l’enseignement à distance le 31 août », a déclaré à la presse à Ankara le ministre de l’Éducation Ziya Selcuk.

Selon lui, on peut espérer un retour progressif dans les classes à partir du 21 septembre.

Cette décision a été prise en se basant sur l’avis du comité scientifique qui conseille le gouvernement et qui s’est réuni mercredi.

Les établissements scolaires et les universités ont été fermés en mars ainsi que la plupart des lieux accueillant du public. Les autorités ont décidé de maintenir la fermeture des écoles jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Les autorités turques craignent un rebond de l’épidémie de COVID-19, le nombre de cas enregistrés chaque jour ayant grimpé de 900 à 1 000 le 4 août, et n’étant pas redescendu depuis.

Un total de 243 180 personnes ont été contaminées en Turquie, et 5 873 décès ont été enregistrés, selon les chiffres du gouvernement publiés mardi.

Mercredi, le ministre de la Santé Fahrettin Koca a averti que « les mesures strictes que nous ne voulons pas subir de nouveau pourraient être rétablies si la hausse [de cas] continue à ce rythme ».

3 années ago
Des Palestiniens attendent de passer du côté égyptien du poste frontalier de Rafah après des mois de fermeture due au coronavirus, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 août 2020 (AFP)
Des Palestiniens attendent de passer du côté égyptien du poste frontalier de Rafah après des mois de fermeture due au coronavirus, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 août 2020 (AFP)

Le seul point de passage entre l’Égypte et la bande de Gaza a été rouvert mardi, pour trois jours, afin de permettre pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19 à des Gazaouis de quitter l’enclave palestinienne.

Situé à la pointe sud de la bande de Gaza, le point de passage de Rafah avait été rapidement fermé en mars pour minimiser les risques d’une propagation de la pandémie de nouveau coronavirus dans l’enclave palestinienne surpeuplée et aux infrastructures sanitaires limitées.

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La bande de Gaza, deux millions d’habitants, est contrôlée par le mouvement islamiste Hamas et soumise à un blocus israélien depuis 2007.

Le point de passage avait déjà été rouvert pour une période de trois jours en avril, mais seulement dans un sens, pour permettre à des Gazaouis bloqués en Égypte de rentrer chez eux.

Cette fois, Rafah a été rouvert dans les deux sens. Un nombre limité de personnes pourra traverser la frontière, en suivant certaines mesures sanitaires.

« Les citoyens de la bande de Gaza qui ont des passeports égyptiens et étrangers et une résidence étrangère, et les patients en situation d’urgence [médicale] seront autorisés à partir », a indiqué le porte-parole du ministère gazaoui de l’Intérieur, Iyad al-Bozoum.

Dès l’aube, des centaines de Palestiniens, certains portant des masques, se sont rassemblés dans une salle au terminal de Rafah pour se préparer à quitter l’enclave, a constaté l’AFP sur place.

La peur d’être contaminés

Hatem al-Mansi doit se rendre en Égypte pour y recevoir des traitements médicaux. Il a peur de contracter le virus une fois sur le sol égyptien, où la pandémie a fait plus de 95 000 malades, dont plus de 5 000 morts, contre seulement 81 cas de contamination, dont un décès, à Gaza.

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« Il y a une peur [d’être contaminé] dans les voitures ou les autobus en Égypte... À Gaza, il n’y a pas [ce genre] de problème », explique-t-il à l’AFP.

Les personnes rapatriées depuis l’Égypte seront de leur côté placées trois semaines dans des centres de quarantaine, a précisé le directeur du département de contrôle des infections au ministère de la Santé, Rami al-Abadlah.

« Des masques seront distribués aux rapatriés qui subiront un premier test de diagnostic à leur arrivée », a-t-il ajouté.

Des dizaines de policiers, accompagnés de médecins et d’infirmières, se trouvaient à l’intérieur du hall du terminal de Rafah afin d’accompagner les personnes de retour à Gaza.

3 années ago
Dans la vieille ville de Tanger, dans le nord du royaume (AFP)
Dans la vieille ville de Tanger, dans le nord du royaume (AFP)

Le gouvernement marocain a décidé jeudi de prolonger d’un mois l’état d’urgence sanitaire, en vigueur depuis mi-mars pour freiner la propagation de la pandémie de COVID-19, au moment où le royaume connaît une hausse des contaminations.

À l’issue d’un conseil de gouvernement, l’exécutif a décidé la prolongation de l’état d’urgence sanitaire du 10 août au 10 septembre sur l’ensemble du territoire, a-t-il annoncé dans un communiqué. 

L’état d’urgence offre au gouvernement un cadre juridique pour prendre « des mesures exceptionnelles » face à la pandémie, notamment via des décrets.  

Le gouvernement marocain a aussi adopté un projet de décret instaurant une amende de 300 dirhams (27 euros) en cas de « non-respect de la distanciation sociale » et de non-port du masque. 

Quelque 28 500 cas de contamination, dont 435 décès, ont été officiellement détectés dans ce pays de 35 millions d’habitants. 

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Les derniers jours ont été marqués par une hausse des contaminations, avec un record de 1 283 cas recensés mercredi. 

Pour soulager les hôpitaux, le ministère de la Santé a décidé le même jour le traitement à domicile des patients asymptomatiques ne présentant pas de facteurs de risque, selon la presse locale. 

Lundi, les congés du personnel médical ont par ailleurs été suspendus « jusqu’à nouvel ordre ».

Début juin, Rabat avait commencé à assouplir les mesures de restrictions prises mi-mars. Fin juin, le pays a accéléré le déconfinement avec la réouverture des cafés, restaurants et commerces. 

Mais les frontières restent fermées « jusqu’à nouvel ordre », plongeant le secteur vital du tourisme dans une crise sans précédent.

Face à la récente hausse des contaminations qualifiée d’« inquiétante » par le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb, les autorités ont décidé fin juillet d’imposer des restrictions de déplacements vers et depuis huit villes. 

De nouvelles mesures ont aussi été prises mercredi dans les villes de Tanger et Fès, notamment l’interdiction des rassemblements et la fermeture des quartiers les plus touchés. 

3 années ago
La situation des territoires contrôlés par les Kurdes est particulièrement critique (AFP)
La situation des territoires contrôlés par les Kurdes est particulièrement critique (AFP)

Trois soignants travaillant dans le camp de déplacés d’al-Hol, dans le nord-est syrien, ont contracté le nouveau coronavirus, ont annoncé jeudi les Nations unies, faisant part des premières infections officiellement recensées dans ce lieu surpeuplé.

Le camp tentaculaire d’al-Hol abrite des dizaines de milliers de déplacés, dont des familles du groupe l’État islamique (EI). 

Il est géré par l’administration semi-autonome kurde qui contrôle une grande partie du nord-est de la Syrie et a enregistré au total 54 malades du COVID-19 dans la région.

« Le 3 août, trois soignants ont été testés positifs au COVID-19 dans le camp de déplacés d’al-Hol », a déclaré David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU. 

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« Le processus de traçage des contacts [des malades] est en cours. Par mesure de précaution, seuls les employés d’urgence, équipés de protection, sont autorisés à travailler dans le camp », a-t-il ajouté à l’AFP. 

Un représentant sanitaire du camp ayant requis l’anonymat a précisé que les trois soignants contaminés travaillaient pour le Croissant-Rouge kurde à al-Hol. 

« Nous craignons que des résidents du camp qui se sont rendus dans des cliniques aient été exposés au virus », a-t-il dit.

Ces contaminations portent à neuf le nombre total de soignants du Croissant-Rouge kurde dans le nord-est de la Syrie à avoir contracté le nouveau coronavirus, selon un bénévole de l’organisation souhaitant lui aussi rester anonyme. 

Neuf ans de guerre ont dévasté les infrastructures médicales de Syrie mais la situation des territoires contrôlés par les Kurdes est particulièrement critique, l’aide humanitaire à destination du nord-est syrien ayant été drastiquement réduite. 

L’épidémie de COVID-19 qui s’est ajoutée aux difficultés des déplacés dans les camps fait craindre une catastrophe humanitaire.  

3 années ago
Les cas sont en hausse depuis la réouverture le 27 juin aux voyageurs venus de pays classés « verts » (AFP)
Les cas sont en hausse depuis la réouverture le 27 juin aux voyageurs venus de pays classés « verts » (AFP)

Le ministère tunisien de la Santé a annoncé mercredi l’obligation de porter un masque sanitaire dans tous les espaces publics, sous peine de sanctions, afin de limiter la propagation de la pandémie de COVID-19.

« Mettre les moyens de protection et surtout les masques est obligatoire », a déclaré aux journalistes le ministre de la Santé Mohamed Habib Kchaou.

Cette mesure s’applique à tous les espaces publics, fermés et en plein air, sur l’ensemble du territoire, a précisé le ministère de la Santé à l’AFP.

Des sanctions seront imposées aux contrevenants. La nature de ces santions sera décidée jeudi lors d’un conseil ministériel. 

Quelque 1 585 cas ont été officiellement déclarés depuis début mars, dont 51 décès. Selon le ministère, 306 personnes sont encore porteuses du virus, dont neuf sont hospitalisées.

La Tunisie sort du confinement et entre dans la crise sociale
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La Tunisie, dont l’économie dépend fortement du tourisme, a su prendre des mesures précoces et strictes au début de l’épidémie, dont des restrictions aux déplacements dans le pays et la fermeture des frontières le 16 mars. 

Mais la réouverture le 27 juin a été effectuée sans précautions spécifiques imposées aux voyageurs venus de pays classés « verts », dont la France, l’Italie ou la Grande-Bretagne.  

Depuis, les cas officiellement déclarés sont en hausse. 

Selon le ministère de la Santé, la Tunisie a enregistré 346 cas de contaminations importés et 66 recensés localement depuis le 27 juin.

Pour limiter la propagation de la pandémie dans les aéroports, seuls les voyageurs – qui doivent porter des masques – y auront accès. 

« La Tunisie ne pourra plus refermer ses frontières parce que la situation économique ne le permettra pas. Il faut que nous vivions avec le virus », a affirmé M. Kchaou.

La Tunisie est frappée de plein fouet par les retombées sociales des restrictions de déplacement.

Des dizaines de milliers d’emplois sont sur la sellette dans les secteurs du tourisme, de l’automobile ou encore du commerce informel, alors que le pays peine déjà à faire baisser un chômage qui touche un tiers des jeunes.

3 années ago
Un Irakien compte son argent alors qu’il quitte un bureau de change dans la ville de Souleimaniyeh, le 4 août 2020 (AFP)
Un Irakien compte son argent alors qu’il quitte un bureau de change dans la ville de Souleimaniyeh, le 4 août 2020 (AFP)

Au Kurdistan et dans les villes saintes chiites d’Irak, échanger des dollars contre des rials iraniens a longtemps été un bon business, mais le nouveau coronavirus et la fermeture des frontières avec le voisin iranien a porté un coup aux spéculateurs.

Les hommes d’affaires et pèlerins iraniens, qui viennent nombreux dans ces régions, paient habituellement en rials iranien.

Et nombre d’Irakiens, dont la monnaie n’a pas connu de grosses variations par rapport au dollar depuis des années (actuellement 1 250 dinars pour un dollar), ont pris l’habitude de jouer avec le cours du rial face au dollar, devise utilisée fréquemment dans le pays.

Jusqu’en mars, avant le confinement général en Irak pour tenter d’endiguer la pandémie, un dollar valait environ 150 000 rials.

La pire crise économique de l’histoire de l’Irak

Mais aujourd’hui, le billet vert en vaut 250 000, explique à l’AFP Amanaj Saleh, changeur à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien proche de l’Iran. 

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Et les Irakiens qui avaient misé sur une fin rapide la pandémie et un rebond de la monnaie iranienne ont déchanté. 

Comme ailleurs, l’économie irakienne a été très touchée par les conséquences des mesures prises pour enrayer la pandémie. Selon un récent sondage mené par l’ONG International Rescue Committee (IRC), 87 % des personnes interrogées assuraient ne plus pouvoir travailler à cause du nouveau coronavirus.

L’Irak traverse la pire crise économique de son histoire récente, le prix du pétrole – qui assure la quasi-totalité des recettes publiques – a chuté et l’austérité s’annonce sévère.

« Depuis l’apparition du nouveau coronavirus […] les gens qui ne peuvent plus travailler utilisent leur capital pour l’investir dans la monnaie iranienne et tenter de faire du profit » en revendant ensuite leurs rials, explique M. Saleh, petite moustache grise taillée de près.

Mais, poursuit-il, entre les sanctions américaines qui étouffent l’économie iranienne et l’arrêt du commerce officiel entre les deux voisins, « les gens qui avaient acheté des rials iraniens au taux de 200 000 rials pour un dollar peuvent les revendre mais à un taux moins intéressant : 250 000 rials pour un dollar ».

Hazar Rahim, un commerçant de Souleimaniyeh, en a fait la douloureuse expérience.

« Récemment, j’ai acheté cinq milliards de rials iraniens », raconte-t-il à l’AFP. « Je misais sur le marché mais en quelques heures, le rial a chuté et le manque à gagner est de 13 000 dollars. »

Dans le Sud, à Kerbala et Nadjaf, les deux grands lieux saints du chiisme mondial, des habitants racontent des histoires similaires.

Des millions de pèlerins iraniens, les poches pleines de rials, assurent habituellement aux deux cités des revenus ayant atteint certaines années l’équivalent de cinq milliards de dollars. 

Ce secteur assurait aussi des centaines de milliers d’emplois et comptait pour environ 2,5 % du PIB, selon les chiffres officiels.

Pris à la gorge

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Mais aujourd’hui, avec le confinement, les Iraniens ne remplissent plus ni les échoppes ni les restaurants aux rideaux baissés. Et les billets qu’ils ont laissés ne valent plus grand-chose.

Car depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des sanctions américaines contre la République islamique, l’économie iranienne ne cesse de s’écrouler.

L’épidémie de nouveau coronavirus en Iran – la pire de la région avec plus de 17 000 morts – n’a fait qu’aggraver la situation du pays qui a dû réduire ses exportations, entraînant dépréciation et une forte hausse de l’inflation.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB iranien devrait chuter encore de 6 % en 2020 après avoir plongé de 7,6 % en 2019. L’économie irakienne, elle, devrait se contracter de près de 10 % cette année.

Pris à la gorge et décidés à continuer à espérer une remontée surprise du rial iranien, des dizaines d’Irakiens continuent malgré tout de s’entasser dans l’échoppe du changeur Amanaj Saleh.

Masqués mais collés les uns aux autres, tous tentent d’atteindre le guichet pour échanger billets américains et iraniens. Dans l’espoir de jours meilleurs.

Par Shwan Nawza, à Souleimaniyeh

3 années ago
Un petit Yéménite vend des fruits secs dans un marché de la capitale, Sanaa, en juillet 2020 (AFP)
Un petit Yéménite vend des fruits secs dans un marché de la capitale, Sanaa, en juillet 2020 (AFP)

La pandémie de coronavirus aggrave la situation humanitaire dans les conflits les plus meurtriers de la planète et menace de provoquer une catastrophe économique qui pourrait être source de violences supplémentaires, préviennent experts et diplomates des Nations unies.

« Nous n’en sommes qu’au premier acte d’un drame assez long », analyse auprès de l’AFP l’expert en diplomatie Richard Gowan.

En détournant l’attention et les ressources des grandes puissances trop occupées à combattre le virus sur leur sol, le COVID-19 met en péril de nombreux programmes d’aide et l’économie des pays déjà meurtris par la guerre.

« Il y a de fortes inquiétudes sur le fait que les répercussions économiques [de la crise du COVID-19] puissent engendrer plus de désordre, plus de conflits », avertit Richard Gowan.

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Pour cette raison, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait lancé en mars un plaidoyer en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Mais il a peiné à se concrétiser et en Libye et en Syrie, les combats font toujours rage.

Et les mesures de confinement, qui ont un temps fait se terrer plus de la moitié de l’humanité chez elle, ont freiné les efforts des opérations de maintien de la paix et des ONG, et entravé des distributions cruciales d’aide. 

Au Yémen, où se déroule selon l’ONU la pire crise humanitaire au monde, les combats sont même en train de s’intensifier selon des diplomates, estimant que le pays est en chute libre.

« Une fois de plus, la famine se profile. Une fois de plus, le conflit s’intensifie. Une fois encore, l’économie est en lambeaux et les agences humanitaires quasiment à sec. Et à cela s’ajoute désormais un nouveau problème : la propagation du COVID-19 est hors de contrôle », a déploré le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock la semaine dernière.

Le diplomate britannique a indiqué au Conseil de sécurité de l’ONU que la pandémie de coronavirus avait fait chuter les envois de devises par les Yéménites de l’étranger, depuis longtemps une planche de salut pour l’économie du pays, de près de 70 %.

« Aidez le Yémen maintenant ou regardez-le tomber en ruines »

« Aidez le Yémen maintenant ou regardez-le tomber en ruines », a-t-il lancé.

Le responsable onusien s’est aussi alarmé de l’état de l’économie syrienne, déjà mise à mal par près de dix ans de guerre civile.

Les mesures de confinement visant à endiguer la propagation de la pandémie ont, d’après Mark Lowcock, contribué à la contraction du PIB syrien de plus de 7 % cette année.

Selon des diplomates, la pandémie a aussi contraint les grandes puissances à diminuer le montant des aides envoyées dans les zones en proie à des crises humanitaires.

En janvier, lors d’un sommet hébergé par l’Allemagne à Berlin, les dirigeants mondiaux s’étaient engagés à renoncer à toute interférence dans la guerre civile libyenne et à respecter enfin l’embargo sur les livraisons d’armes à la Libye, décrété par l’ONU en 2011.

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Mais le mois dernier, António Guterres a estimé que cette ingérence avait atteint « des niveaux sans précédent » dans le pays, où Russie et Turquie soutiennent des camps rivaux.

« Désormais l’attention de l’Allemagne est consacrée à relancer l’économie européenne », plutôt qu’à cette crise, analyse Richard Gowan, du centre de recherche International Crisis Group.

Les experts gardent aussi un œil prudent sur la situation au Liban, plongé dans sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.

« En somme, c’est un tableau assez sombre et déprimant », confie un diplomate.