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« Cette trêve n’est qu’un énorme mensonge » : les Palestiniens de Gaza accueillent avec soulagement et inquiétude la pause dans les combats

Alors que des Palestiniens réfugiés depuis des semaines dans le sud de Gaza ont commencé à partir pour regagner leurs foyers, ou ce qu’il en reste, après l’entrée en vigueur de la trêve, l’armée israélienne a averti de ne pas retourner dans le nord de la bande côtière
Des Palestiniens s’aventurent hors de leurs maisons et de leurs camps de fortune à Khan Younès après l’entrée en vigueur d’une trêve temporaire entre Israël et le Hamas le 24 novembre (Reuters)
Par MEE

Après l’entrée en vigueur d’une pause temporaire dans les combats vendredi matin, de nombreux Palestiniens ont d’abord semblé ressentir un certain soulagement.

Les 2,3 millions d’habitants de la bande de Gaza bénéficient enfin de quelques jours de répit, grâce à une pause de quatre jours dans les combats permettant l’échange de 50 otages israéliens contre 150 prisonniers palestiniens.

Les médias palestiniens ont rapporté que des camions-citernes avaient commencé à entrer dans Gaza depuis le poste frontière de Rafah avec l’Égypte.

Le Caire a indiqué que 130 000 litres de diesel et quatre camions d’essence seraient livrés quotidiennement à Gaza pensant la pause, en plus de la livraison quotidienne de 200 camions d’aide.

Pour Hussam Saleem, un habitant de la bande de Gaza, l’une des premières priorités est d’enfin dormir un peu.

« Nous avons cruellement besoin de cette pause. Nous voulons dormir, aller au marché, rechercher les produits de première nécessité que nous n’avons pas pu donner à nos enfants au cours des dernières semaines », a déclaré l’homme de 60 ans à Middle East Eye peu avant l’entrée en vigueur de la trêve.

Il pense toutefois que celle-ci est de bien trop courte durée. Lui et sa famille espèrent qu’Israël et le Hamas profiteront de cette période pour négocier un cessez-le-feu plus durable afin de mettre fin à cette guerre.

« Nous ne voulons pas juste des pauses, nous voulons que cette guerre se termine peu importe le moyen. Nous sommes fatigués, la bande de Gaza est déjà détruite, nous ne pouvons pas supporter davantage de tueries et de destructions. »

« Nous ne voulons pas juste des pauses, nous voulons que cette guerre se termine peu importe le moyen. Nous sommes fatigués, la bande de Gaza est déjà détruite, nous ne pouvons pas supporter davantage de tueries et de destructions »

- Hussam Saleem, habitant de la bande de Gaza

Depuis l’attaque lancée par le Hamas et ses alliés dans le sud d’Israël le 7 octobre, durant laquelle 1 200 personnes ont été tuées et 240 prises en otage, Israël a mené une intense campagne de bombardements et une offensive terrestre contre la bande côtière qui a tué plus de 14 854 Palestiniens selon un dernier bilan, imposé un blocus total à l’entrée de nourriture, de carburant et d’eau, et forcé des centaines de milliers de Palestiniens du nord de la bande côtière, y compris la ville de Gaza, à se réfugier dans les zones du sud.

Face à autant de destructions, de nombreux habitants de la bande de Gaza appréhendaient la pause avec une grande anxiété.

« Les scènes que je vois en ce moment sont très douloureuses. Il s’agit de destructions graves et d’un génocide grave. Jetez un œil... Nuseirat était autrefois un refuge, maintenant, malheureusement, la destruction est partout, les cadavres sont partout, les tueries sont partout », a déclaré à Al Jazeera un résident du camp de réfugiés de Nuseirat, qui s’est présenté comme l’un de ses représentants.

Il s’est dit sceptique quant au fait que l’aide qui parvient désormais à entrer à Gaza serait suffisante pour répondre aux besoins de la population.

« La Oumma [communauté musulmane mondiale] tout entière a laissé tomber Gaza, même un verre d’eau ne peut pas entrer à Gaza », a déploré l’homme.

« La guerre n’est pas encore finie ! »

Même si un répit dans la guerre est le bienvenu, certains habitants de Gaza sont troublés par les termes de l’accord.

Une habitante de Gaza qui a souhaité rester anonyme pour des raisons de sécurité a déclaré à Middle East Eye qu’elle trouvait l’accord de trêve choquant, car il semblait clairement accorder plus de valeur à la vie des Israéliens qu’à celle des Palestiniens.

« Ces quatre jours de trêve ne valent pas le grand nombre de personnes tuées et blessées, les maisons détruites et le grand nombre de personnes déplacées et sans abri. »

Le Hamas a affirmé avoir conclu cet accord en raison de sa « responsabilité » envers le peuple palestinien, afin de « soulager ses souffrances, panser ses blessures » et renforcer sa détermination à résister à Israël.

Mais pour cette Gazaouie, il est « très humiliant » de savoir qu’elle ne peut pas retourner chez elle dans le nord alors que les dirigeants du Hamas en dehors de l’enclave peuvent voyager librement entre le Liban et le Qatar.

« Cette trêve n’est qu’un énorme mensonge. Cela donnera à Israël plus de temps pour se préparer à la prochaine vague de violence, qui fera encore plus de victimes », craint-elle.

Des Palestiniens inspectent les dégâts après des frappes aériennes israéliennes dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, le 22 novembre (AP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts après des frappes aériennes israéliennes dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, le 22 novembre (AP)

De fait, alors que des Palestiniens réfugiés depuis des semaines dans les écoles et les hôpitaux des Nations unies dans le sud de Gaza ont commencé à partir pour regagner leurs foyers, ou ce qu’il en reste, après l’entrée en vigueur de la trêve, l’armée israélienne a averti de ne pas retourner dans le nord de la bande côtière et tiré vers des personnes tentant de le faire.

Ce vendredi matin, les avions de guerre israéliens au-dessus du sud de Gaza ont largué des tracts avertissant la population de ne pas retourner dans le nord.

« La guerre n’est pas encore finie », peut-on y lire. « Le retour vers le nord est interdit et très dangereux !!! »

La correspondante de Middle East Eye à Gaza, Maha Hussaini, a rapporté vendredi matin que les forces israéliennes tiraient sur les Palestiniens pour les dissuader de rentrer chez eux pendant la trêve.

« Les forces israéliennes ouvrent le feu sur les Palestiniens qui tentent de rentrer chez eux à l’est de Maghazi, dans le centre de Gaza, environ deux heures et demie après l’entrée en vigueur de la pause », indique-t-elle.

« Je me trouve sur le toit de notre maison de refuge et j’entends les mitrailleuses israéliennes à l’est. »

À la mi-journée, l’agence de presse palestinienne Wafa a rapporté qu’au moins sept Palestiniens avaient été blessés par des tirs israéliens alors qu’ils tentaient de regagner leurs foyers dans le nord de Gaza.

Traduction : « Le moment où les forces d’occupation ont ouvert le feu sur des personnes déplacées se dirigeant vers leurs maisons d’où elles avaient été déplacées à Gaza et dans le nord. »

Jeudi, l’armée israélienne a annoncé que le contrôle du nord de la bande de Gaza n’était que la première étape du plan israélien visant à écraser le Hamas.

« Le contrôle du nord de Gaza est la première étape d’une longue guerre », a déclaré aux journalistes le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée.

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« Nous nous préparons pour les prochaines étapes, nous espérons que dans les prochains jours, nous nous concentrerons sur la planification et la réalisation des prochaines étapes de la guerre. »

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Galant, a annoncé jeudi qu’il poursuivrait les combats à Gaza « avec intensité » pendant au moins deux mois une fois la pause temporaire terminée, selon les médias israéliens.

S’adressant aux troupes de la marine, Galant a affirmé : « Ce que vous verrez dans les prochains jours, c’est d’abord la libération des otages. Ce répit sera de courte durée. »

« Au moins deux mois supplémentaires de combats sont attendus », a-t-il précisé, ajoutant qu’Israël devait « achever la victoire ».

Traduit de l’anglais (original).

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